Alexandre CANTIN - Blog personnel

12 avr. 2022

Antisocial - Pourquoi les GAFAM dominent le marché cloud et quelles pistes pour y remédier ? ☁

Pourquoi les GAFAM dominent le marché cloud et quelles pistes pour y remédier ?

Aujourd’hui, je vais me focaliser sur le cloud et plus particulièrement ma réflexion autour de la domination des GAFAM dans ce domaine.

En effet, le marché de l’hébergement Cloud est dominé par plusieurs acteurs majeurs (le pourcentage exprimant la part de marché) :

  1. AWS d’Amazon avec 40,8%
  2. Azure de Microsoft avec 19,7%
  3. Alibaba Cloud du groupe Alibaba avec 9,5% (je ne le pensais pas en troisième position !)
  4. GCP de Google avec 6,5%
  5. Huawei avec 4,2%

Source : https://www.gartner.com/en/newsroom/press-releases/2021-06-28-gartner-says-worldwide-iaas-public-cloud-services-market-grew-40-7-percent-in-2020

On peut remarquer l’absence d’acteurs européens dans ce top 5 et cela est bien regrettable… De plus, le secteur du cloud va encore croître au fil des années et l’Europe est bien parti rester bon dernier dans ce domaine… 😕 Pourtant des acteurs européens et français existent mais sont trop peu sélectionnées lors des appels d’offre… En complément, il est aussi important de préciser que les lois sur la vie privée y sont moins strictes comparées à l’Europe (certaines personnes tiennent à ce sujet, d’autres moins il est vrai).

Pour expliquer cette domination, deux facteurs me viennent à l’esprit :

  • L’argent et les périodes d’essai gratuites : pour attirer de nouveaux clients, les GAM (Google - Amazon - Microsoft) proposent des périodes d’essai de plusieurs mois et/ou un chèque cadeau pouvant aller jusqu’à 100 000€. Pour une start-up au budget restreint, cette économie est plus que bienvenue on s’en doute… et, pour la concurrence, impossible d’être aussi généreuse 🙁

Google Cloud vous offre 300$ de “cadeaux”

Google Cloud vous offre 300$ de “cadeaux”

Toutefois, il faut être conscient que ce cadeau a pour unique but de vous piéger dans une dépendance vis-à-vis de leurs produits et s’assurer (je dirais même privatiser) de futurs profits. Je m’explique :

  1. Toute votre infrastructure sera adaptée à leur plate-forme cloud et en sortir sera certainement trop long et/ou trop impactant… Cette dépendance sera aussi accentuée si vous utilisez et utilisez une brique logicielle uniquement disponible sur cette plate-forme 😕
  2. Vous acquérez des connaissances et de l’expérience sur cette plate-forme cloud, pouvant être votre première plate-forme cloud d’ailleurs. Un changement signifierait ainsi une nouvelle phase d’apprentissage potentiellement indésirable/impossible (pour diverses raisons : temps, volonté…)

Il convient aussi de préciser qu’au début, votre start-up n’aura que peu de clients et donc coûtera peu… Ainsi, la générosité de la première année gratuite sera facilement remboursée lors de la deuxième année avec l’augmentation du nombre de vos clients et de vos besoins d’infrastructure.

  • Le “Save my ass” (ou “sauver ma peau” en bon français) des décideurs : cette raison s’applique surtout aux grands groupes où de gros budgets sont engagés : les conséquences en cas d’échec sont plus importantes pour l’entreprise mais aussi - et surtout - pour le décisionnaire ! (ce dernier étant bien au fait que sa carrière peut être anéantie rapidement en cas d’échec). Il optera donc pour la stratégie la plus sécuritaire possible pour “sauver sa peau” ou, plus exactement, éviter qu’on la demande. Ainsi, quand l’heure du choix de la plate-forme arrivera, les GAM profiteront de leur image de marque et les noms inconnus pour le décideur (comme Clever Cloud, Scaleway) seront rejetés. Cette probabilité augmentera davantage si le décideur n’est pas issu de l’univers informatique : “Je ne peux pas me planter en choisissant [Google ou Amazon ou Microsoft]” se dira-t-il.

Quand des groupes comme Thalès et Orange s’associent à Google et que TousAntiCovid stocke ses données sur Microsoft Azure, une des raisons sous-jacentes (sans forcément être la raison principale ni l’unique explication de ce choix - je précise 🙂) est, pour moi, une stratégie “Save my Ass” de la part des décideurs.

Quelles pistes pour y remédier ?

Maintenant, quelles pistes permettraient de sortir de cette domination des GAM et aider à faire émerger des outils européens ? Voici, de mon point de vue, quelques recommandations pouvant y contribuer (non exhaustives) :

  • Promouvoir et se renseigner sur les solutions non issues des GAM - j’espère que cet article y contribuera un peu 😉

  • Dans votre entreprise, profiter d’un projet à l’impact limité (par exemple un site événementiel) pour tester des plates-formes cloud tierces et créer un premier retour d’expérience (qui peut-être bonne comme mauvaise - précisons-le).

  • Réfléchir son architecture pour être le plus indépendant possible d’une plate-forme donnée (et ce conseil ne concerne pas que les GAM) pour pouvoir changer rapidement si besoin est. Une question simple : “Que se passe-t-il si mon client cloud multiplie ses tarifs par 100 le mois prochain ?”. Si la réponse est “Je n’ai pas d’autres choix que payer”, vous avez un problème de dépendance 😅 Note : vous pourrez aussi jongler entre les périodes d’essai gratuites (je dis ça, je ne dis rien 😊)

De mon point de vue, le futur du cloud européen dépendra du nombre de personnes prêtes à lui accorder sa confiance et aussi sa chance !

Bien sûr, en plus des actions individuelles ci-dessus, j’aurais pu évoquer d’autres solutions à l’échelle nationale et européenne comme les investissements, la législation (imposer la présence de solution européenne dans les appels d’offre), une politique publique de soutien… ou plus simplement : les utiliser !

À la prochaine 🖖

P.S : avant de terminer, je tiens à préciser ne cherche pas à discréditer les plates-formes des GAM en les qualifiant de mauvaises (et au contraire, ces plates-formes sont de qualité - sinon GAFAM ou non, elles ne seraient pas utilisées), je dis simplement qu’il en existe en France et en Europe qui n’ont pas à rougir face à leurs homologues américains 😉